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l’Indice mondial du crime organisé

Observatoire des économies illicites en Afrique de l’Ouest

Numéro
5
Octobre
2022

En résumé

  1. La criminalité liée aux espèces sauvages dans le parc national de Bouba Ndjida au Cameroun finance-t-elle un groupe séparatiste en gestation dans le nord ?

    Le 12 juin 2022, dans une forêt du nord-est du Cameroun, des affrontements ont éclaté entre les forces militaires et des éléments du Mouvement de libération du Cameroun (MLC), un groupe rebelle séparatiste naissant établi au Tchad. Selon des sources officielles, le MLC s’est livré au braconnage d’éléphants dans le parc national de Bouba Ndjida, situé près de la frontière avec le Tchad et la RCA, ce qui souligne le rôle important que jouent les parcs nationaux et les forêts pour les groupes armés. Si le braconnage par les Janjawids soudanais, principaux acteurs impliqués ces dernières décennies dans cette activité illicite menée dans le parc, a diminué, il se peut que le MLC cherche à cibler les espèces sauvages du parc national pour se procurer des ressources financières. Bien que les preuves recueillies jusqu’à présent suggèrent que le MLC ne constitue pas à l’heure actuelle une menace majeure, les rebelles pourraient, en l’absence d’action, tirer parti de la marginalisation perçue des communautés du nord du Cameroun.

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  2. Avec l’affaiblissement des rebelles casamançais, le parc national du Niokolo Koba est-il devenu une zone de repli potentielle ?

    Depuis début 2021, les militaires sénégalais lancent une série d’offensives en Casamance contre le Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC). Après le démantèlement de leurs bases, la saisie de leurs armes et la fragilisation des refuges traditionnels, la capacité du MFDC à traduire son influence territoriale en flux de revenus provenant d’économies illicites s’est probablement étiolée. Comme on l’a vu dans d’autres pays d’Afrique de l’Ouest, les groupes armés se retirent cependant souvent dans les parcs nationaux après que l’armée et les forces de l’ordre ont pris des mesures à leur encontre. Le parc national du Niokolo Koba, situé à moins de 400 kilomètres de la Casamance, pourrait offrir aux groupes rebelles de nombreuses possibilités de tirer des revenus des activités illicites dont ils dépendent depuis longtemps, notamment du commerce illicite du bois, du cannabis et des produits issus d’espèces sauvages.

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  3. Le nombre de victimes civiles augmente en Afrique de l’Ouest à mesure que les zones de conflit tendent à se confondre davantage avec les économies illicites.

    Le 5 septembre 2022, un convoi de véhicules a heurté un engin explosif improvisé au Burkina Faso. L’attaque, qui aurait été menée par Jama’at Nasr al-Islam wal Muslimin (Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans), a fait 35 victimes parmi les civils et en a blessé plusieurs dizaines d’autres. Ces incidents témoignent du nombre croissant de victimes civiles causées par les conflits sévissant dans la région. Les conclusions de l’initiative « Cartographie des plaques tournantes illicites en Afrique de l’Ouest » de The Global Initiative Against Transnational Organized Crime (l’Initiative mondiale contre la criminalité organisée transnationale, GI-TOC) montrent que l’écrasante majorité des régions d’Afrique de l’Ouest les plus touchées par les conflits et la violence abritent également au moins une plaque tournante illicite. Elles mettent en évidence le chevauchement géographique croissant entre les zones de conflit et les zones d’activité illicite, un état de fait aux implications importantes non seulement pour les décideurs politiques qui cherchent à mettre en œuvre des politiques de stabilisation, mais aussi pour les moyens de subsistance futurs des communautés de la région.

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