Le plus grand terrain aurifère du Tchad, Kouri Bougoudi, est essentiel pour les efforts de stabilisation de la région.
En avril 2021, les rebelles du Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT) sont entrés sur le territoire tchadien en passant par sa frontière septentrionale avec la Libye, et ont mené l’incursion rebelle la plus importante dans le pays depuis 2008. Les bouleversements politiques qui ont suivi, notamment la mort du président de l’époque, Idriss Déby, ont non seulement soulevé des questions au sujet de l’avenir du système politique du Tchad, mais ont aussi mis en exergue la mesure dans laquelle le nord du Tchad reste un élément clé des dynamiques instables de sécurité régionale qui détermineront l’avenir du pays.
Le terrain aurifère de Kouri Bougoudi, à cheval sur la frontière entre le Tchad et la Libye, est une zone où se concentrent marchés illicites et acteurs criminels armés, qui ont contribué à l’instabilité de la région.4 Cette dernière est en proie à de régulières explosions de violence en raison de sources de tensions profondes entre les acteurs locaux, de conflits politiques et de la concurrence pour les ressources.1
Dans le même temps, l’extraction minière d’or dans Kouri Bougoudi fournit des moyens d’existence essentiels ainsi que des opportunités économiques pour les populations locales dans une région par ailleurs marginale et appauvrie. Dans un contexte où le nord du Tchad et ses zones frontalières avec le Niger et la Libye font face à une déstabilisation ultérieure provoquée par le retour de Libye de groupes de rebelles et de mercenaires suite aux accords de cessez-le-feu d’octobre 2020,2 l’extraction minière artisanale d’or peut offrir des alternatives aux activités criminelles et à la mobilisation armée. La formation d’un nouveau gouvernement de transition au Tchad, après la mort d’Idriss Déby en avril 2021, pourrait offrir l’opportunité de renouveler les efforts de stabilisation dans la région du Tibesti en faisant des efforts durables pour réglementer l’extraction minière d’or et en s’écartant des approches purement sécuritaires de la gestion de la zone.
Situé au cœur de plusieurs économies criminelles régionales qui se chevauchent, Kouri Bougoudi représente une poudrière potentielle pour la région. Il met également en lumière dans quelle mesure des efforts efficaces pour stabiliser le nord du Tchad devront non seulement tenir compte d’intérêts criminels complexes, mais aussi répondre aux griefs et attentes de longue date des communautés locales. Un engagement qui ne prend pas en compte ces dynamiques risque simplement de créer de nouvelles poches d’instabilité à la fois au niveau national et dans toute la sous-région.
Les marchés illicites prospérent à kouri bougoudi
Photo : GI-TOC
La découverte de gisements aurifères dans le nord du Tchad en 2012 a déclenché une ruée d’orpailleurs d’or tchadiens et étrangers.3 Kouri Bougoudi est le plus grand terrain aurifère dans le nord du Tchad, avec des sites miniers présents également du côté libyen de la frontière. Couvrant aujourd’hui environ 300 km2, la zone aurifère a compté à son maximum 40 000 mineurs, migrants et autres.4 Kouri Bougoudi est également une importante plaque tournante régionale pour les groupes armés polycriminels impliqués dans la contrebande de carburant et de denrées alimentaires de base, le trafic de drogue et d’armes, ainsi que le banditisme armé.5
L’extraction minière artisanale d’or est officiellement interdite au Tchad, mais sa nature lucrative et des failles dans l’application de l’interdiction gouvernementale à Kouri Bougoudi ont fait de ce terrain aurifère un aimant à mineurs et négociants venant de toute la région. Les négociants achètent l’or extraite par les mineurs et les « propriétaires » des sites avant de le vendre via différents canaux. La majeure partie de l’or provenant de Kouri Bougoudi est soit transportée vers le sud jusqu’à N’Djaména avant d’être exportée, soit vendue en Libye. L’or est également utilisé sur place comme monnaie et peut changer de mains lors de transactions commerciales destinées à acheter des vivres, comme de la nourriture, de l’eau et du matériel,6 ou bien des marchandises illicites (il a été signalé que l’or est utilisé pour acheter de la drogue et des armes).7
Kouri Bougoudi est également un point de passage pour le trafic d’êtres humains ; avec des migrants voyageant vers le nord du Tchad à la recherche d’opportunités économiques avant de poursuivre vers la Libye ou l’Europe. La découverte de l’or dans la région du Tibesti a augmenté la popularité du Tchad auprès des migrants, à la fois comme pays de destination et de transit. La zone présente un attrait important pour les migrants pauvres qui cherchent à gagner de l’argent au cours de leur voyage vers le nord. Le rôle du Tchad comme pays de transit pour les migrants a accéléré après 2016, quand des campagnes de lutte contre la contrebande lancées au Niger et au Soudan ont déplacé à travers le pays certains des flux tournés vers le nord.8
Toutefois, une absence de réglementation ou d’application de la loi dans les zones aurifères comme Kouri Bougoudi expose les migrants au risque de traite des personnes, surtout ceux qui voyagent à crédit pour travailler dans les zones aurifères.9 De nombreux passeurs ont adopté le rôle de recruteurs de main-d’œuvre pour les mines dans le pays, offrant aux mineurs potentiels la possibilité de voyager à crédit. Les passeurs sont ensuite payés par les propriétaires des mines, qui emploient les mineurs sous la forme de travail en servitude, dans le cadre duquel les mineurs doivent d’abord rembourser les coûts liés à leur recrutement avant de commencer à gagner un salaire. Les dettes des migrants pour leur passage sont d’environ 300 000 francs CFA (FCFA) (environ 460 €).10 Ces conventions de travail se transforment souvent en une exploitation des travailleurs, car ces derniers passent sous la tutelle de différents propriétaires de mines.11 Un jeune homme originaire de Kyabé, dans le sud du Tchad, a expliqué comment son expérience de mineur a pris une tournure dramatique au début de l’année 2021 :
J’ai voyagé à crédit et j’ai dû travailler pendant longtemps pour rembourser ma dette. Les conditions de travail étaient très difficiles et nos patrons n’avaient aucune pitié. Ils confisquaient tout l’or que nous trouvions en disant qu’il servait à rembourser notre transport, notre nourriture et notre eau, ou bien le matériel. Au final, il ne nous restait rien et parfois nous changions de patron sans notre consentement. Le remboursement des frais de voyage peut représenter jusqu’à deux ou trois fois le montant [initial]. Il n’y a pas de liberté pour les mineurs et les tentatives de fuite les exposent à la colère et aux représailles des patrons.
Les acteurs du crime organisé qui opèrent dans cette zone aurifère ont également investi dans le trafic de drogue,12 alimenté en partie par une consommation locale croissante.13 Les drogues qui y sont les plus couramment consommées sont le cannabis et le Tramadol,14 pour un usage principalement palliatif. En effet, la plupart des consommateurs cherchent à éviter ou à contrer les effets des conditions de travail éreintantes.15
Selon un chauffeur routier travaillant entre Abéché et Kouri Bougoudi : ‘Toutes [sortes de] drogues sont consommées ici. Les drogues sont utilisées quotidiennement et très fréquemment, pour différentes raisons. Selon moi, elles mobilisent les gens et les motivent [à travailler] dans les mines. Elles sont visibles partout et il y a de nombreux consommateurs.’16
Kouri Bougoudi se trouve également au cœur des opérations régionales de trafic d’armes, alimentées en partie par la prolifération des armes légères qui a suivi l’effondrement du régime de Mouammar Kadhafi en Libye en 2011.17 Des armes et munitions de Libye sont envoyées dans la région le long de circuits clandestins à travers le sud de la Libye, via Oumm al-Aranib, Gatrone, Domozo et Emi Madama. Sur le terrain aurifère, les trafiquants d’armes gèrent les opérations depuis des localités telles que Hour Madanine, un marché bien connu pour le trafic de drogue et d’armes.18 Les armes arrivent sur les marchés locaux, régionaux et internationaux, y compris dans les pays voisins du Tchad, surtout au Soudan et au Niger.19
La demande d’armes au sein des réseaux criminels et de la communauté vivant de l’extraction minière d’or s’est aussi développée dans la zone d’extraction elle-même, en réponse à la hausse de l’insécurité et de la criminalité. Cela a exacerbé les conditions préexistantes d’insécurité et de violence,20 avec des disputes qui se résolvent souvent par la forme armée et la coercition. Selon un contact, les meurtres sont devenus quotidiens dans certaines des zones les plus dangereuses du terrain aurifère, comme Hour Madanine.21
Chronologie des événements clés à Kouri Bougoudi
Défis et opportunités de stabilisation à Kouri Bougoudi
Photo : GI-TOC
Cette convergence des activités illicites à Kouri Bougoudi est fortement liée à l’instabilité et aux dynamiques du conflit à l’échelle locale et régionale.
Au sein des communautés vivant de l’extraction minière d’or, les activités non réglementées et illicites ont alimenté la concurrence pour les ressources et le conflit intercommunautaire, ainsi que les tensions entre les acteurs locaux et les autorités nationales.22 La communauté à Kouri Bougoudi est principalement composée de Toubous tchadiens et libyens locaux, mais aussi de communautés venues de l’est et du sud du Tchad et du Darfour, notamment des Zaghawa et des groupes ethniques arabes.23 Les arrivées en masse d’orpailleurs d’autres régions à la suite de la découverte du métal doré à Kouri Bougoudi ont mené à des explosions de violence intercommunautaires, déclenchées par la concurrence pour le contrôle des opérations minières, mais souvent enracinées dans d’anciennes hostilités entre groupes ethniques.24 La ruée vers l’or, et la réponse des autorités nationales, ont également exacerbé les tensions entre les communautés et les autorités tchadiennes.25 Les militaires tchadiens, par exemple, ont été accusés de s’associer avec certains orpailleurs à Kouri Bougoudi avec lesquels ils partagent des affinités ethniques.26
Ici, les communautés qui vivent de l’extraction minière d’or ont développé leurs propres mécanismes de gestion des conflits afin d’atténuer les tensions et de réduire la violence. Par exemple, chaque communauté a des représentants qui jouent un rôle central dans la réglementation des relations en l’absence de toute autorité formelle ou de forces de l’ordre de l’État. Ces représentants jouent le rôle de médiateurs en cas de disputes entre mineurs, et peuvent même autoriser ou coordonner des représailles ou une désescalade en cas de disputes intercommunautaires. Biens que ces mécanismes restent faibles et que de violents affrontements continuent de se produire, ils représentent un point de départ potentiel pour concevoir des cadres réglementaires plus formels, durables et locaux qui font appel à l’expérience et l’autorité des dirigeants communautaires.
L’extraction minière d’or assure aussi des moyens d’existence pour les jeunes du Tchad, de Libye et du Soudan dans un contexte où les opportunités économiques formelles sont rares. Cela inclut non seulement l’emploi direct dans les mines d’or, mais aussi des opportunités d’emploi dans les économies secondaires qui se développent autour et sont soutenues par les mines. Un marché florissant fournissant de la nourriture, de l’eau, du matériel et d’autres produits de première nécessité à la communauté qui vit de l’extraction minière d’or a stimulé les économies localement et dans d’autres villes, comme Abéché.27 Le soutien apporté à ces conditions économiques est donc un facteur important dans la stabilisation de la région, en offrant notamment des opportunités à ceux qui pourraient sinon rejoindre des groupes d’opposition armés ou se tourner vers le banditisme pour gagner de l’argent.
Ici, l’approche politique qu’adopte N’Djaména vis-à-vis de l’extraction minière artisanale d’or sera cruciale pour la réussite des efforts de stabilisation de la région. Les revenus issus de l’extraction minière d’or à Kouri Bougoudi sont arrivés dans les caisses de rebelles tchadiens basés en Libye, et ayant des liens communautaires et politiques avec des groupes impliqués sur ce territoire aurifère. Cherchant à réduire la capacité des groupes rebelles à tirer des revenus (et des recrues) du site aurifère, le gouvernement tchadien a tenté à plusieurs reprises par le passé d’arrêter l’extraction minière artisanale d’or. Il a bloqué les voyages vers les zones aurifères et les approvisionnements en eau, expulsé par la force les mineurs, détruit le matériel et fermé les frontières.28 Les mesures de répression contre Kouri Bougoudi se sont intensifiées en 2018 et 2019,29 et en octobre 2020 le gouvernement tchadien a annoncé la fermeture des sites illégaux d’extraction minière d’or dans le pays, ainsi que son intention d’évacuer tous les mineurs.30 Cependant, aucune action concrète n’a été faite pour appliquer ces mesures, et l’activité à Kouri Bougoudi a rapidement repris après la fuite temporaire des mineurs.31
Les mesures de répression du gouvernement contre les mines d’or ont non seulement été un échec, mais elles ont aussi été contre-productives. Elles ont en outre intensifié les dynamiques d’instabilité régionales32 en privant les communautés locales de moyens d’existence essentiels, alimentant ainsi les tensions entre les populations locales et les autorités nationales. Cela a aussi renforcé la perception que le manque d’infrastructures de la région, son accès limité aux services et sa faible représentation au sein des structures nationales sont le résultat d’une négligence de la part des autorités nationales.33 Cela a alimenté le recrutement par les groupes armés.34 La dépendance excessive du gouvernement aux approches sécuritaires pour stabiliser la région a entraîné une méfiance réciproque. En effet, les communautés locales voient ces tactiques comme la tentative du gouvernement de prendre le contrôle d’une lucrative industrie de l’extraction.35
Toutefois, de manière prometteuse, certains éléments indiquent que le Comité militaire de transition du Tchad, formé à la suite de la mort d’Idriss Déby, pourrait adopter une approche légèrement différente. Le comité s’est concentré sur la restriction de l’accès aux zones aurifères du nord du Tchad en mettant en place des contrôles stricts sur les itinéraires du trafic d’êtres humains vers le nord du Tchad, au lieu de tenter des actions supplémentaires pour expulser les mineurs des terrains aurifères.
En outre, parallèlement aux efforts du comité de développer un processus de dialogue national via des consultations avec les dirigeants des groupes d’opposition,36 le gouvernement a fait de discrètes propositions aux parties prenantes dans le nord du Tchad. Par exemple, l’ancien président Goukouni Weddeye, actuellement directeur d’un comité technique chargé de préparer la participation des groupes rebelles dans le dialogue national, a visité la ville de Miski en octobre 2021 pour discuter de la situation avec les leaders locaux.37 Malgré des rapport contradictoires concernant les résultats de la mission, la visite peut être interprétée comme une étape positive vers l’apaisement des tensions et l’amélioration des relations entre les autorités nationales et locales.
Élaborer des politiques durables, justes et basées sur le dialogue et la consultation avec les communautés locales pour réglementer l’extraction aurifère pourrait réduire les conflits locaux et répondre à des griefs profondément enracinés, qui contribuent à l’insécurité locale et régionale. Associée à un désarmement crédible et inclusif, à une démobilisation et à un programme de réintégration, la régularisation de l’extraction minière d’or aiderait à empêcher le recrutement dans les groupes armés et offrirait des moyens d’existence alternatifs légaux pour de nombreux jeunes tchadiens, qui pourraient sinon se tourner vers le crime organisé pour survivre.38
L’absence de prise en compte et d’intégration de ces réalités économiques, politiques et sociales, y compris celles de la sphère criminelle, dans l’approche du Tchad de l’extraction minière d’or illicite risque d’éloigner encore davantage les communautés locales. En outre, les groupes armés et les réseaux criminels capitaliseraient sur les griefs locaux ainsi que sur les faibles présence et légitimité de l’État dans la région. Des risques plus élevés d’incursions supplémentaires de groupes rebelles tchadiens, dont la présence en Libye a été menacée par les développements politiques, et une insécurité croissante dans les régions transfrontalières du Tchad, du Niger et de la Libye constituent des menaces imminentes à la stabilité au Tchad et dans la région du Grand Sahel.
La position de Kouri Bougoudi au centre de ces dynamiques devrait donc être prise en compte par les autorités nationales, les États voisins et les partenaires internationaux dans les efforts de stabilisation.
Notes
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Jérôme Tubiana et Claudio Gramizzi, Tubu trouble: State and statelessness in the Chad–Sudan–Libya triangle (Conflits Toubous : État et apatridie dans le triangle Tchad-Soudan-Libye), Small Arms Survey, juillet 2017, https://www.smallarmssurvey.org/sites/default/files/resources/SAS-CAR-WP43-Chad-Sudan-Libya.pdf, p. 70-74. ↩
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Alexandre Bish, Soldiers of fortune: The future of Chadian fighters after the Libyan ceasefire (Soldats de fortune : l’avenir des combattants tchadiens après le cessez-le-feu libyen), GI-TOC, novembre 2021. ↩
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Jérôme Tubiana et Claudio Gramizzi, Tubu trouble: State and statelessness in the Chad–Sudan–Libya triangle (Conflits Toubous : État et apatridie dans le triangle Tchad-Soudan-Libye), Small Arms Survey, juillet 2017, p. 82, https://www.smallarmssurvey.org/sites/default/files/resources/SAS-CAR-WP43-Chad-Sudan-Libya.pdf. ↩
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Mark Micallef, Rupert Horsley et Alexandre Bish, The human conveyor belt broken – assessing the collapse of the human-smuggling industry in Libya and the central Sahel (La courroie humaine rompue – évaluer l’effondrement du secteur lié au trafic d’êtres humains en Libye et au Sahel central), GI-TOC, mars 2019, p. 68, https://globalinitiative.net/wp-content/uploads/2019/04/Global-Initiative-Human-Conveyor-Belt-Broken_March-2019.pdf. ↩
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Mark Micallef, Raouf Farrah, Alex Bish, et Victor Tanner, After the storm - Organized crime across the Sahel-Sahara following upheaval in Libya and Mali (Après la tempête – Le crime organisé au Sahel et au Sahara suite à la révolte en Libye et au Mali), GI-TOC, novembre 2019, https://globalinitiative.net/wp-content/uploads/2019/11/After_the_storm_GI-TOC.pdf, p. 72. ↩
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Ibid., p. 76. ↩
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Entretiens avec des chauffeurs et des négociants à Kouri Bougoudi, novembre 2020 et septembre 2021. ↩
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Ibid. ↩
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Tchad : des associations alertent sur le phénomène grandissant de la traite des personnes, RFI, 14 septembre 2021, https://www.rfi.fr/fr/afrique/20210914-tchad-des-associations-alertent-sur-le-ph%C3%A9nom%C3%A8ne-grandissant-de-la-traite-des-personnes. ↩
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Mark Micallef et al, Conflict, coping and covid: Changing human smuggling and trafficking dynamics in North Africa and the Sahel in 2019 and 2020 (Conflit, faire-face et covid : changer les dynamiques du trafic d’êtres humains en Afrique du Nord et au Sahel en 2019 et 2020), GI-TOC, avril 2021, https://globalinitiative.net/wp-content/uploads/2021/06/GI-TOC-Changing-human-smuggling-and-trafficking-dynamics-in-North-Africa-and-the-Sahel-in-2019-and-2020.pdf, p. 86. ↩
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Entretiens avec des migrants de retour dans le sud du Tchad, février 2021. ↩
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Le trafic de drogue est facilité par la position de Kouri Bougoudi au carrefour du Tchad, du Niger et de la Libye, par sa proximité avec les plaques tournantes de la contrebande, mais aussi par son isolement qui la rend hors de portée des autorités étatiques. ↩
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Mark Micallef, Raouf Farrah, Alex Bish et Victor Tanner, After the storm – Organized crime across the Sahel- Sahara following upheaval in Libya and Mali (Après la tempête – Le crime organisé au Sahel et au Sahara suite à la révolte en Libye et au Mali), GI-TOC, novembre 2019, https://globalinitiative.net/wp-content/uploads/2019/11/After_the_storm_GI-TOC.pdf, p. 92. ↩
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Entretien avec un propriétaire de site d’extraction d’or à Kouri Bougoudi, février 2021. ↩
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Entretiens avec des mineurs d’or et des négociants à Kouri Bougoudi, décembre 2020 ; La consommation de drogue au sein des communautés de mineurs d’or au Niger est également mentionnée dans Emmanuel Grégoire et Laurent Gagnol, Ruées vers l’or au Sahara: l’orpaillage dans le désert du Ténéré et le massif de l’Aïr (Niger), EchoGéo, Sur le Vif, http://journals.openedition.org/echogeo/14933 DOI : https://doi.org/10.4000/echogeo.14933. ↩
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Entretien avec un passeur à Abéché, novembre 2020. ↩
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Jérôme Tubiana et Claudio Gramizzi, Tubu trouble: State and statelessness in the Chad–Sudan–Libya triangle (Conflits Toubous : État et apatridie dans le triangle Tchad-Soudan-Libye), Small Arms Survey, juillet 2017, https://www.smallarmssurvey.org/sites/default/files/resources/SAS-CAR-WP43-Chad-Sudan-Libya.pdf, p. 8. ↩
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Entretiens avec des mineurs d’or à Kouri Bougoudi, septembre 2021 ; Alexandre Bish, Soldiers of fortune: The future of Chadian fighters after the Libyan ceasefire (Soldats de fortune : l’avenir des combattants tchadiens après le cessez-le-feu libyen), GI-TOC, novembre 2021. ↩
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Oluwole Ojewale, Arms trafficking – Déby’s death accelerates illicit arms flows across Central Africa (Trafic d’armes – La mort de Déby accélère les flux d’armes illicites à travers l’Afrique centrale), ENACT Observer, 30 août 2021, https://enactafrica.org/enact-observer/debys-death-accelerates-illicit-arms-flows-across-central-africa; Entretiens avec des trafiquants à Kouri Bougoudi, octobre 2021 ; Alexandre Bish, Soldiers of fortune: The future of Chadian fighters after the Libyan ceasefire (Soldats de fortune : l’avenir des combattants tchadiens après le cessez-le-feu libyen), GI-TOC, novembre 2021. ↩
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Jérôme Tubiana et Claudio Gramizzi, Tubu trouble: State and statelessness in the Chad–Sudan–Libya triangle (Conflits Toubous : État et apatridie dans le triangle Tchad-Soudan-Libye), Small Arms Survey, juillet 2017, https://www.smallarmssurvey.org/sites/default/files/resources/SAS-CAR-WP43-Chad-Sudan-Libya.pdf, p. 84. ↩
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Entretien avec un mineur d’or à Kouri Bougoudi, septembre 2021 ; voir aussi Alexandre Bish, Soldiers of fortune: The future of Chadian fighters after the Libyan ceasefire (Soldats de fortune : l’avenir des combattants tchadiens après le cessez-le-feu libyen), GI-TOC, novembre 2021. ↩
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Jérôme Tubiana et Claudio Gramizzi, Lost in trans-nation: Tubu and other armed groups and smugglers along Libya’s southern border (Lost in trans-nation : les Toubous et d’autres groupes armés et les trafiquants le long de la frontière sud de la Libye), Small Arms Survey, décembre 2018, p. 70–74. ↩
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Mark Micallef, Raouf Farrah, Alex Bish et Victor Tanner, After the storm – Organized crime across the Sahel- Sahara following upheaval in Libya and Mali (Après la tempête – Le crime organisé au Sahel et au Sahara suite à la révolte en Libye et au Mali), GI-TOC, novembre 2019, https://globalinitiative.net/wp-content/uploads/2019/11/After_the_storm_GI-TOC.pdf, p. 68. ↩
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Ibid., p. 68. Pour un approfondissement de la question des conflits liés à l’extraction minière d’or dans le Tibesti, voir Jérôme Tubiana et Claudio Gramizzi, Tubu trouble: State and statelessness in the Chad– Sudan–Libya triangle (Conflits Toubous : État et apatridie dans le triangle Tchad-Soudan-Libye), Small Arms Survey, juillet 2017, https://www.smallarmssurvey.org/sites/default/files/resources/SAS-CAR-WP43-Chad-Sudan-Libya.pdf, p. 83–92. ↩
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En réponse à la menace que représentent les mineurs d’or étrangers et les tentatives du gouvernement d’exercer un contrôle sur les zones aurifères, les Toubous de la région de Miski ont remis en place les groupes d’auto-défense habituels appelés ‘wangada’, dont le but est de contrôler l’extraction minière d’or et de protéger les intérêts des communautés locales. Les Wangadas ont aussi été reformés occasionnellement à Kouri Bougoudi, notamment en 2015 durant la « bataille de Kouri Bougoudi ». Voir Jérôme Tubiana et Claudio Gramizzi, Tubu trouble: State and statelessness in the Chad–Sudan–Libya triangle (Conflits Toubous : État et apatridie dans le triangle Tchad-Soudan-Libye), Small Arms Survey, juillet 2017, https://www.smallarmssurvey.org/sites/default/files/resources/SAS-CAR-WP43-Chad-Sudan-Libya.pdf, p. 96. ↩
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Ibid. ↩
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Mark Micallef, Raouf Farrah, Alex Bish et Victor Tanner, After the storm – Organized crime across the Sahel- Sahara following upheaval in Libya and Mali (Après la tempête – Le crime organisé au Sahel et au Sahara suite à la révolte en Libye et au Mali), GI-TOC, novembre 2019, https://globalinitiative.net/wp-content/uploads/2019/11/After_the_storm_GI-TOC.pdf, p. 72. ↩
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Les voyages vers les zones aurifères du nord du Tchad sont interdits. Des unités militaires sont déployées aux points de transit des itinéraires du trafic d’êtres humains, comme Mao, Moussoro et Faya-Largeau. La présence militaire a été considérablement renforcée après l’incursion du FACT en avril et a contribué à une réduction des opérations de trafic d’êtres humains vers le nord du Tchad ces derniers mois; voir https://www.alwihdainfo.com/Tchad-des-orpailleurs-clandestins-presentes-a-Abeche_a103844.html. ↩
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Jérôme Tubiana et Claudio Gramizzi, Lost in trans-nation: Tubu and other armed groups and smugglers along Libya’s southern Border (Lost in trans-nation : les Toubous et d’autres groupes armés et les trafiquants le long de la frontière sud de la Libye), Small Arms Survey, décembre 2018, p. 70–74 ; Mark Micallef, Rupert Horsley et Alexandre Bish, The human conveyor belt broken – assessing the collapse of the human-smuggling industry in Libya and the central Sahel (La courroie humaine rompue – évaluer l’effondrement du secteur lié au trafic d’êtres humains en Libye et au Sahel central), GI-TOC, mars 2019, https://globalinitiative.net/wp-content/uploads/2019/04/Global-Initiative-Human-Conveyor-Belt-Broken_March-2019.pdf, p. 76–77 ; Chevrillon-Guibert Raphaëlle, Gagnol Laurent, Magrin Géraud, ‘Les ruées vers l’or au Sahara et au nord du Sahel. Ferment de crise ou stabilisateur ?’, Hérodote, 2019/1 (N° 172), p. 193–215. DOI : 10.3917/her.172.0193. https://www.cairn.info/revue-herodote-2019-1-page-193.ht, p. 200. Voir aussi L’armée va expulser ‘tous les orpailleurs’ de Kouri Bougri au Tchad, VOA Afrique, 16 août 2018, https://www.dropbox.com/home/GI_TOC Team Folder/Communications/Reports to launch and PR/Launching Station/AW/AW Monitor report/layout/final; L’orpaillage clandestin visé au Tchad, VOA Afrique, 20 août 2018,https://www.voaafrique.com/a/l-orpaillage-clandestin-vis%C3%A9-au-tchad/4536195.html; Tchad : des milliers d’orpailleurs contraints de quitter Kouri-Bougoudi, Al Wihda Info, 6 mars 2019, https://www.alwihdainfo.com/Tchad-des-milliers-d-orpailleurs-contraints-de-quitter-Kouri-Bougoudi_a71192.html. ↩
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Voir Tchad : le gouvernement ordonne la fermeture de tous les sites illégaux d’orpaillage, Al Wihda Info, 8 octobre 2020, https://www.alwihdainfo.com/Tchad-le-gouvernement-ordonne-la-fermeture-de-tous-les-sites-illegaux-d-orpaillage_a94937.html; Ndalet Pohol, Mines: Le Tchad Suspend “l’orpaillage illégal”, Tchad Infos, 8 octobre 2020, https://tchadinfos.com/tchad/tchad-le-gouvernement-prend-des-mesures-pour-lutter-contre-lexploitation-illegale-de-lor/. ↩
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Au cours des dernières années, le gouvernement tchadien a fait plusieurs de ces annonces visant les zones aurifères, mais des budgets limités associés au relief accidenté du Tibesti et aux revenus illicites tirés de l’extraction minière d’or et de la contrebande que percevraient certains membres de l’armée tchadienne ont sapé leur mise en œuvre. Mark Micallef et al, Conflict, coping and covid: Changing human smuggling and trafficking dynamics in North Africa and the Sahel in 2019 and 2020 (Conflit, faire-face et covid : changer les dynamiques du trafic d’êtres humains en Afrique du Nord et au Sahel en 2019 et 2020), GI-TOC, avril 2021, https://globalinitiative.net/wp-content/uploads/2021/06/GI-TOC-Changing-human-smuggling-and-trafficking-dynamics-in-North-Africa-and-the-Sahel-in-2019-and-2020.pdf, p. 82. ↩
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Jérôme Tubiana et Claudio Gramizzi, Tubu trouble: State and statelessness in the Chad–Sudan–Libya triangle (Conflits Toubous : État et apatridie dans le triangle Tchad-Soudan-Libye), Small Arms Survey, juillet 2017, p. 98-99 ; Alexandre Bish, Soldiers of fortune: The future of Chadian fighters after the Libyan ceasefire (Soldats de fortune : l’avenir des combattants tchadiens après le cessez-le-feu libyen), GI-TOC, novembre 2021. ↩
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Madjiasra Nako, « Tchad : quand la ruée vers l’or provoque des tensions intercommunautaires », Jeune Afrique, 15 août 2014, https://www.jeuneafrique.com/47036/societe/tchad-quand-la-ru-e-vers-l-or-provoque-des-tensions-intercommunautaires/. ↩
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Alexandre Bish, Soldiers of fortune: The future of Chadian fighters after the Libyan ceasefire (Soldats de fortune : l’avenir des combattants tchadiens après le cessez-le-feu libyen), GI-TOC, novembre 2021. ↩
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Les pièges de telles politiques sont bien illustrés par la situation à Miski. À la suite d’une attaque du CCMSR basé en Libye contre une unité de l’armée tchadienne dans la région de Kouri Bougoudi en août 2018, le gouvernement tchadien a lancé une importante campagne de représailles visant les zones aurifères du Tibesti. Malgré l’absence de rebelles à Miski, où la communauté toubou n’entretient pas de relations avec le CCMSR, l’armée tchadienne a attaqué la ville en menant des frappes aériennes, une offensive terrestre et un blocus strict. Bien que le gouvernement ait justifié l’offensive par le rétablissement de la sécurité, il est communément admis qu’il s’agissait d’une tentative d’ouvrir la voie à l’extraction industrielle de l’or dans la zone. Cela a entraîné de violents affrontements entre l’armée tchadienne et les groupes d’auto-défense locaux, qui avaient à l’origine été formés par les communautés locales pour chasser les mineurs d’or « étrangers ». Voir Crisis Group, « Tchad : sortir de la confrontation à Miski », Crisis Group Africa Report N° 274, 17 mai 2019, https://d2071andvip0wj.cloudfront.net/274-tchad-sortir-de-la-confrontation_0.pdf, p. 11 ; Mark Micallef, Raouf Farrah, Alexandre Bish et Victor Tanner, After the storm – Organized crime across the Sahel-Sahara following upheaval in Libya and Mali (Après la tempête – Le crime organisé au Sahel et au Sahara suite à la révolte en Libye et au Mali), GI-TOC, novembre 2019, https://globalinitiative.net/wp-content/uploads/2019/11/After_the_storm_GI-TOC.pdf, p. 77. ↩
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Transition au Tchad: deux délégations du Comité technique du dialogue en Égypte et en France, RFI, 20 octobre 2021, https://www.rfi.fr/fr/afrique/20211020-transition-au-tchad-deux-d%C3%A9l%C3%A9gations-du-comit%C3%A9-technique-du-dialogue-en-egypte-et-en-france. ↩
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#TCHAD #Tibesti : Tension à Miski pour la visite du général Oki Dagache et l’ex-président Goukouni Weddeye, Le Tchadanthropus, 11 octobre 2021, https://www.letchadanthropus-tribune.com/tchad-tibesti-tension-a-miski-pour-la-visite-du-general-oki-dagache-et-lex-president-goukouni-weddeye/. ↩
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Alexandre Bish, Soldiers of fortune: The future of Chadian fighters after the Libyan ceasefire (Soldats de fortune : l’avenir des combattants tchadiens après le cessez-le-feu libyen), GITOC, novembre 2021. ↩