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Observatoire des économies illicites en Afrique de l’Ouest
En résumé
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Conflits, coups d’État et conteneurs : pourquoi les itinéraires de la cocaïne au Sahel ont été perturbés.
Les itinéraires du trafic par le Sahel vers le nord sous-tendent une minorité substantielle des exportations de cocaïne de l’Afrique de l’Ouest vers l’Europe. Alors que les informations disponibles indiquent que ces itinéraires ont connu une résurgence entre 2019 et 2023, des recherches récentes révèlent que cette tendance a probablement été perturbée par les bouleversements politiques et les conflits armés depuis le milieu de l’année 2023. Le volume du trafic passant par le nord du Niger aurait fortement chuté, bien que les itinéraires de trafic passant par le nord du Mali soient restés largement résilients et aient restructuré leurs opérations. Les signes d’un important trafic de cocaïne dans le sud du Mali ne doivent pas en majorité être interprétés comme des flux en direction du nord. Ils reflètent plutôt le rôle croissant de l’Afrique de l’Ouest en tant que plaque tournante de la re-conteneurisation, avec des itinéraires entre les points sur le littoral d’importation et d’exportation façonnés par le potentiel d’exportation des ports maritimes sous-régionaux.
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La constellation obscure : comment le système Starlink façonne les conflits et la criminalité dans le Sahel.
La technologie Internet par satellite Starlink exerce une influence croissante sur les dynamiques conflictuelles dans le Sahel. Des groupes extrémistes violents, notamment la Province de l’État islamique en Afrique de l’Ouest (ISWAP) et Jama’at Nasr al-Islam wal Muslimin (JNIM), exploitent ce dispositif de connectivité portable et à haut débit pour améliorer leurs opérations, se coordonner en temps réel et échapper à la détection dans les zones où les infrastructures de télécommunications sont insuffisantes. Bien que le Niger et le Tchad aient légalisé Starlink en mars 2025 afin d’améliorer la réglementation, il est probable que les réseaux de contrebande continuent de trafiquer des appareils en provenance du Nigéria et de la Libye le long de corridors établis, en pratiquant des prix exorbitants tant pour le matériel que pour les abonnements, et permettant ainsi aux groupes armés et aux réseaux criminels d’avoir accès à cette technologie. Si cette technologie offre des avantages en termes de connectivité aux régions éloignées, le fait qu’elle dynamise les réseaux criminels complique les réponses en matière de sécurité dans le Sahel, une région ravagée par les conflits.
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Les passeurs de migrants vers les îles Canaries intensifient leurs activités pour répondre à une demande croissante.
Plus de migrants vers l’Union européenne arrivent aux îles Canaries en provenance d’Afrique de l’Ouest et du Nord que par n’importe quelle autre route, et nombre d’entre eux ont été contraints de renoncer aux routes alternatives trans-sahéliennes en direction du nord. Les dynamiques des conflits régionaux contribuent à sa popularité croissante. Les réseaux de trafic au Sénégal et en Mauritanie ont réagi en devenant plus professionnels et plus efficaces, et ils servent une gamme de clients de plus en plus éclectique. Les dynamiques conflictuelles et les pressions économiques suggèrent que les mouvements sur cette route, la plus meurtrière au monde pour les migrants, devraient continuer à augmenter.
À propos de ce numéro
Le 12e numéro du Bulletin de risque des économies illicites en Afrique de l’Ouest examine comment les dynamiques des conflits dans le Sahel central remodèlent — et sont à leur tour façonnées par — les économies criminelles et les grandes tendances de la modernité, y compris l’innovation digitale. De l’Internet par satellite aux routes de trafic trans-sahéliennes, ces articles montrent que les réseaux criminels s’adaptent aux tendances et aux technologies mondialisées, tout en illustrant la façon dont les réseaux illicites changent en réponse à la fragilité des États, à la militarisation et à l’évolution des opportunités économiques.
Au Niger, l’utilisation croissante d’appareils Starlink de contrebande par des groupes armés, des trafiquants et des civils reflète à la fois l’absence d’infrastructures de télécommunications contrôlées par l’État dans les régions périphériques et l’intégration croissante des technologies internationales dans les économies illicites. La large diffusion de ces systèmes portables d’accès à l’internet par satellite — dont beaucoup sont trafiqués depuis les pays voisins — transforme la manière dont les informations sont partagées et les opérations coordonnées de part et d’autre des frontières, y compris par les groupes armés et les réseaux criminels. Cela risque de renforcer les réseaux criminels régionaux dans les zones où l’État est en grande partie absent.
Face à des géographies similaires, la tendance à la hausse du commerce trans-sahélien de cocaïne a vraisemblablement été perturbée par la résurgence du conflit dans le nord du Mali, et par le coup d’État de 2023 au Niger. Tandis que les itinéraires s’adaptent à l’insécurité, certains trafiquants au Niger délaissent le trafic de drogues pour se tourner vers le secteur lucratif de l’or.
Les dynamiques du conflit dans le nord du Mali ont également influencé les schémas de migration irrégulière, contribuant au report des migrants de l’itinéraire passant par la Méditerranée centrale vers les itinéraires maritimes partant du Sénégal et de la Mauritanie, en direction des îles Canaries. La route des îles Canaries, l’itinéraire de migration irrégulière le plus meurtrier au monde, est de plus en plus liée aux dynamiques des conflits dans le Sahel et commence à redessiner le profil des personnes en mouvement. Les réseaux de passeurs se professionnalisent de plus en plus pour répondre à la demande galopante, ce qui permet de maintenir des prix stables et d’améliorer l’efficacité des opérations.
Ensemble, ces articles montrent comment les économies illicites en Afrique de l’Ouest deviennent de plus en plus régionalisées et façonnées par des forces mondiales, que ce soit sous la forme d’une réorganisation liée aux conflits, de détournement de technologies commerciales ou de l’attraction durable des marchés internationaux. The Global Initiative Against Transnational Organized Crime (l’Initiative mondiale contre la criminalité organisée transnationale) continue de fournir des analyses qui rendent compte de ces dynamiques en évolution, identifiant les liens entre les vulnérabilités locales, les reconfigurations régionales et les opportunités criminelles au niveau mondial.