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l’Indice mondial du crime organisé

Observatoire de la violence et de la résilience en Haïti

Numéro
1
Juillet
2024

À propos de ce bulletin de risque

Bienvenue dans le premier numéro de ce bulletin de risque, une publication périodique de l’Observatoire de la violence et de la résilience en Haïti, un forum pour la recherche et l’analyse, le soutien à la société civile, et le renforcement du soutien aux acteurs multilatéraux. Ce bulletin présente une analyse des principales tendances de l’économie politique de la violence en Haïti.

La crise qui a secoué Haïti durant le printemps, qui a commencé le 29 février avec des attaques coordonnées de gangs sur la capitale Port-au-Prince, a entrainé une violente reconfiguration politique de la situation sur le terrain. Les mois suivants ont été marqués par un niveau de crise humanitaire sans précédent, la destruction d’infrastructures, ainsi qu’une transformation institution­nelle profonde avec la démission du Premier ministre Ariel Henry, la création du Conseil présidentiel de transition (CPT) et la formation récente d’un gouvernement, dirigé par le Premier ministre désigné, Garry Conille.

Si la crise a incontestablement placé le pays au bord du gouffre, les gangs ont désormais cessé leur conquête de la capitale. Port-au-Prince est retourné à l’ordre précaire qui y prévalait avant le 29 février, où les fusillades et les attaques des gangs font partie de la vie quotidienne. Une exception importante cependant est que la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS), menée par une force de police kényane, a finalement été déployée le 25 juin avec 200 policiers sur le terrain. Ce premier numéro analyse ces dynamiques, entre autres tendances politiques.

Pour plus de contenus de l’Observatoire de la violence et de la résilience en Haïti, consultez https://globalinitiative.net/observatory/ht-obs/.

The Global Initiative Against Transnational Organized Crime (l’Initiative mondiale contre la criminalité organisée transnationale, GI-TOC) est une plateforme destinée à promouvoir un débat plus large et des approches innovantes comme composantes d’une stratégie mondiale inclusive contre le crime organisé. Consulter la GI-TOC: https://globalinitiative.net/.

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En résumé

  1. Viv Ansanm: Comment une coalition de gangs a transformé la violence à Port-au-Prince.

    La reconstitution de la coalition de gangs Viv Ansanm (Vivre ensemble, en créole haïtien), qui vise à rassembler les groupes criminels dans un front uni contre la Police nationale haïtienne (PNH) et le gouvernement, est un développement important de la violence des gangs en Haïti. Les opérations et l’influence de Viv Ansanm, coalition représentée par Jimmy « Barbecue » Chérizier, illustrent les multiples facettes de la crise haïtienne. Le contrôle de Viv Ansanm sur de larges zones de Port-au-Prince et des infrastructures stratégiques, associé à ses tactiques violentes et ses connexions politiques, incarne une menace systémique qui exige des efforts soutenus pour démanteler son influence et restaurer l’ordre. Les défis sécuritaire, économique, humanitaire et politique ne seront pas relevés miraculeusement par la seule MMAS.

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  2. La reconstruction des institutions haïtiennes, la MMAS et l’écosystème de la violence criminelle: comment assurer des réponses coordonnées en matière de sécurité et de justice?

    Le Conseil présidentiel de transition (CPT) a été mis en place sous l’égide de la communauté internationale, et notamment de la communauté caribéenne (CARICOM), pour remplacer le Premier ministre Ariel Henry. Après un début chaotique, le CPT a désigné en mai un nouveau Premier ministre, Garry Conille, qui a formé son gouvernement le 11 juin. Tandis que les institutions haïtiennes cherchent à retrouver un mode de fonctionnement plus stable, la MMAS ne doit pas être considérée comme une solution miracle. Une feuille de route, définie par des institutions solides et des règles transparentes, et une stratégie de sécurité publique claire, doivent être mises en place pour s’attaquer à l’écosystème haïtien de la violence, marqué par la coexistence entre les groupes criminels et l’État. Il est essentiel que les autorités haïtiennes et la communauté internationale progressent en termes de facilitation de l’accès humanitaire et de développement, en renforçant les institutions publiques et en cherchant une solution judiciaire au problème des gangs.

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  3. Comment renforcer le mécanisme des sanctions pour répondre à la crise criminelle en Haïti?

    Face aux retards dans le déploiement de la MMAS, la principale réponse multilatérale à la crise haïtienne a été le recours de la communauté internationale à des sanctions ciblées. Toutefois, les sanctions unilatérales et de l’ONU ont peu progressé, aucune nouvelle désigna­tion sur la liste des personnes et entités devant faire l’objet de sanctions n’ayant été réalisée depuis fin 2023 (à l’exception du Canada). L’UE, dont plusieurs États membres ont des liens étroits avec Haïti, n’a procédé à aucune désignation dans le cadre du régime de sanctions qu’elle a créé en juillet 2023. Il semble qu’il y ait une forte réticence du Conseil de sécurité à sanctionner certains individus soutenant les gangs, sans doute en raison du risque que des désignations parmi les élites aient une incidence négative sur la formation du gouvernement et la construction de la paix. Cette approche s’accompagne toutefois du risque réel de permettre au lien entre l’élite et les gangs de prospérer sans entraves.

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